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Guirlande en papier de femmes qui se tiennent la main.

"Paroles de femmes" au Centre social de Jassans-Riottier

Depuis un an, le centre social Mosaïques a mis en place un « groupe de paroles » pour les femmes victimes de violences. Ou plutôt, il a réinstauré ce projet, déjà mené en 2015 en lien avec le Conseil Départemental de l’Ain.

2021 : une situation préoccupante au sortir du confinement

La crise sanitaire a eu des conséquences. La travailleuse sociale du centre social Mosaïques a constaté une recrudescence des cas de violences conjugales et de séparations conflictuelles. En effet, l’Institut national d’études démographiques (INED) indique que 10 % des Français ont vu leurs relations intrafamiliales se dégrader pendant le confinement.

Elle a donc alerté le reste de l’équipe et exprimé le souhait de réouvrir les groupes de parole pour les femmes. L’objectif du projet, comme en 2015, était de proposer un espace d’échange et d’écoute aux femmes en situations de séparation difficile (en projet, en cours ou actée récemment) avec des conflits, violences, ou tensions intra-familiales. 

Le service est accessible à toutes les femmes du territoire de Jassans/Val de Saône. D'autres dispositifs sont mis en place dans le reste du département et par d’autres associations, mais ils ne sont pas coordonnés.

Comment identifier les victimes ? 

Beaucoup de femmes sont orientées par les partenaires sociaux que le centre a associés au projet : associations locales, institutions, écoles et professeurs … Ils assurent une veille permanente et discrète, et n’hésitent pas à mettre en relation les potentielles victimes et le centre social. 

Pour faciliter leur identification, la CAF a également mis en place une nouvelle fonctionnalité sur son site internet : les femmes peuvent se déclarer victimes de violences conjugales sur leur site internet, en quelques clics. 

Un moment spécifique et adapté

Au centre social, dans une salle adaptée à la confidentialité, les femmes sont accueillies pendant 1 heure 30 à raison d’une fois par mois. Les horaires sont adaptés aux besoins et au quotidien des femmes reçues, afin qu’elles se sentent libres de venir et repartir (le temps du déjeuner en 2021, et le soir pour le groupe 2022).

Ces séances, gratuites et confidentielles, se déroulent avec 3 temps forts : 

  1. La responsable ACF* les accueille autour d’une collation, 
  2. Elle, ou un travailleur social du Département / de la CAF délivre un temps d’information et de sensibilisation collectif
  3. La psychologue (CPEF de Trévoux) prend seule le relais pour la rencontre du groupe.

Ces réunions, en petit groupe et en toute discrétion grâce à la seule présence de la psychologue avec les femmes, leur permettent de se sentir en confiance et en sécurité dans un environnement où personne ne les juge. La psychologue se positionne en ressource et en appui à la discussion et aux réflexions collectives ; non pas au centre - ce n’est pas elle qui anime la conversation.

Cindy Desroches, responsable ACF*, précise : « le lieu a été pensé et choisi pour favoriser l’intimité et la convivialité de la séance. Rien n’est anodin : canapés et fauteuils, une table basse avec convivialités (boissons fraiches ou chaudes et de quoi grignoter) … ça peut paraitre superflu, mais ces éléments créent un environnement chaleureux, où les femmes se sentent à l’aise, se détendent et passent un moment de confiance. Elles ne sont pas reçues dans une salle de réunion avec un tableau blanc. ». De plus, elles peuvent venir avec leurs enfants, puisqu'un espace adapté sous la surveillance d’un animateur est prévu.

Quelques difficultés particulières

Pour la responsable ACF, « le fait d’identifier et atteindre les femmes dans le besoin, leur faire prendre conscience de leur situation, les faire venir, puis de les fédérer … toutes ces étapes ne sont pas faciles. Une fois les réunions entamées, il nous faut aussi rappeler régulièrement la charte du groupe, qui ne fait sens que si elles l’acceptent et la mettent en pratique ». Cette charte, ce sont les valeurs que toutes les participantes doivent respecter : la bienveillance, l’écoute, le partage, la ponctualité, la confidentialité.

Un autre frein, c’est de communiquer et se faire connaitre auprès les potentielles victimes. Le lieu, les dates et les horaires, la constitution du groupe et des participantes... doivent être communiqués de façon réfléchie pour veiller à une certaine discrétion dans le but de les protéger. 

C’est donc en direct, par le circuit des partenaires identifiés sur le territoire, et des travailleurs sociaux, que cela fonctionne le mieux. 

Le succès du projet : multiples bénéfices pour les bénéficiaires

Rencontrer d’autres femmes dans le besoin, les écouter et se sentir écoutée en retour apporte énormément de bienfaits aux femmes suivies, notamment :

  • Être accompagnées dans leur prise de conscience
  • Échanger sur leurs expériences de vie
  • Verbaliser les violences vécues
  • Éviter l’isolement, voire en sortir
  • Mettre en exergue leurs ressources et leurs besoins
  • Appréhender les lieux, les personnes et les actions/projets ressources pour les aider à sortir de leur situation 

Les femmes n’ont aucune obligation de revenir, mais celles qui le font peuvent rapidement s’intégrer, proposer ou initier des idées liées à leur avancement. De plus, l’équipe du centre social tente de les intégrer aux activités familiales afin qu’elles puissent sortir davantage de chez elles, et nouer des liens extérieurs grâce à ces moments de loisirs.

Un premier bilan positif 

Le projet fonctionne bien, et un nouveau groupe de femmes va bientôt être reçu et accompagné. « Dans le groupe reçu en 2021, les femmes avaient toutes vécues des violences. Durant l’été, elles ont bien avancé individuellement (séparation physique, nouvel emploi, …). Aujourd’hui, elles sont moins disponibles pour continuer à poursuivre dans le groupe mais demandent à continuer à être informées des dates. En octobre 2021, les professionnelles ont élargi l’ouverture du groupe à d’autres. »

Pour mesurer les résultats de cette action, le centre social Mosaïques se base sur l’évolution d’indicateurs comme le sentiment de bien-être des femmes accueillies, leur confiance en elles, l’avancement de leurs démarches administratives et personnelles, ou encore leur participation/implication dans les autres activités proposées par le centre social.

Le centre social Mosaïques va prochainement rencontrer l’association SAVE pour discuter de ses champs d’action.


Image 1 : Image libre de droits par PublicDomainPictures de Pixabay 
Image 2 : invitation transmise en main propre aux femmes identifiées
*ACF : Actions Collectives et Familles

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invitation au groupe de paroles de femmes au centre social Mosaiques